Reconnexion au chantier – Lundi 2 juin

Aujourd’hui, lundi 2 juin, j’ai retrouvé le lien avec le chantier.

Depuis plus d’une semaine, quelque chose s’était distendu. Une sorte de distance s’était installée entre lui et moi. Comme si le fil qui nous reliait s’était relâché. Et je crois que j’ai compris pourquoi : au-delà de 2 mètres 50 de hauteur, je ne me sens plus en sécurité. La légèreté s’en va, le jeu s’arrête. Tout devient technique, anxiogène, verrouillé par les contraintes de sécurité. Et à cet endroit-là, je me retrouve figé.

Les pannes à poser, surtout la panne faîtière, me semblaient insurmontables. Il fallait les assembler avec des pointes, installer des sabots… et je ne voyais pas comment avancer. Jusqu’à ce que, par hasard, je croise mon voisin. On discute, je lui parle de mes hésitations, de ma peur du vide. Il me rappelle qu’il a fait des études de charpentier autrefois, et me glisse qu’il n’a aucun souci avec le travail en hauteur — et qu’en plus, il a un peu de temps libre en ce moment.

Alors on cale un rendez-vous pour ce lundi après-midi. Je prépare les échelles, un peu tendu à l’idée de ce qui m’attend. Mais à ma grande surprise, il monte sans aucune crainte, prend place là-haut, soulève avec moi la panne — plutôt lourde — et en à peine une heure, tout le travail en hauteur est terminé.

Un immense soulagement m’envahit. Mais plus encore : je ressens un vrai rapprochement avec le chantier. Comme une réconciliation. La joie revient, l’envie de continuer. Dès le lendemain, j’ai pu commencer à poser le plancher de la future cuisine et dresser les premiers murs.

Quelle joie de sentir à nouveau l’élan. Le chantier me rappelle à lui — et cette fois, je me sens prêt à y répondre.